Sélection découverte du whisky français

Le whisky français sort enfin de l’ombre. Discret pendant des décennies, il s’affirme aujourd’hui avec une identité forte, façonnée par des distilleries artisanales qui revendiquent savoir-faire et liberté créative. Loin des imitations écossaises ou américaines, ces maisons tricolores signent des spiritueux raffinés, souvent inattendus, qui reflètent la richesse des terroirs français. Entre fûts atypiques, cépages locaux et grains soigneusement sélectionnés, la montée en gamme du whisky français séduit autant les amateurs exigeants que les curieux éclairés. Cette sélection met en lumière des bouteilles au caractère affirmé, incarnant la vitalité et l’audace d’une scène encore jeune mais résolument ambitieuse.

A la découverte du whisky français

Il fut un temps (pas si éloigné) où mes préférences allaient sans hésitation vers les single malts écossais, en particulier ceux du Speyside. Aberlour et Scapa figuraient parmi mes favoris. Par curiosité, j’ai fini par m’intéresser aux blended whiskies, avec le Scallywag en tête de liste. Une démarche loin d’être évidente, tant certaines références d’entrée de gamme avaient laissé une impression mitigée, souvent destinées à être allongées de soda plutôt que dégustées.

Progressivement, mon intérêt s’est élargi vers les whiskies japonais et les bourbons américains. C’est au fil de ces découvertes que j’ai réalisé que des distilleries françaises façonnaient elles aussi des whiskies, parfois méconnus mais rarement dénués d’intérêt.
Rien de surprenant, finalement, dans un pays qui maîtrise déjà le Calvados, le Cognac ou l’Armagnac avec brio. Le whisky français, discret encore il y a peu, commence désormais à s’imposer et certaines maisons attirent aujourd’hui l’attention des amateurs les plus exigeants.

Michel Couvreur Overaged

Distillerie : Michel Couvreur (Bourgogne)
Particularité : Assemblage de whiskies écossais distillés en Écosse, puis élevés dans des fûts de sherry au cœur des caves bourguignonnes, autrefois conçues pour le vin.

Notes de dégustation :
Nez : fruits secs, rancio raffiné.
Bouche : texture ample, notes de bois noble, fruits confits et sherry généreux.
Finale : longue, chaleureuse, fidèle à l’empreinte des fûts de Xérès.

Pourquoi le choisir ?
La maison Michel Couvreur occupe une place singulière dans le paysage du whisky français. Nichée à Bouze-lès-Beaune, elle façonne des whiskies au profil inimitable, fruit d’un élevage en fûts de vin muté, dans des caves à l’humidité soigneusement maîtrisée. Le Overaged, assemblage sophistiqué de whiskies vieillis en fût de sherry, offre une approche équilibrée et racée de l’univers Couvreur. Une introduction idéale à une maison réputée pour ses embouteillages confidentiels et la précision de son style.

Bellevoye Finition vieille Prune

Distillerie : Les Bienheureux (Charente)
Particularité : Triple malt français, affiné dans des fûts ayant contenu de la vieille prune, après un premier élevage en fûts de chêne durant trois à huit ans.

Notes de dégustation :
Œil : robe ambrée, éclat doré aux reflets chauds.
Nez : bouquet généreux dominé par la prune, enrichi de mirabelle, d’abricot, de pêche et de poire, relevé par une touche d’épices douces.
Bouche : texture charnue, marquée par une gourmandise fruitée et une légère acidité qui équilibre l’ensemble.
Finale : persistante, sur des nuances d’amande fraîche et de fruits compotés.

Pourquoi le choisir ?
Avec cette cuvée, Les Bienheureux signent une expression singulière du whisky français. Le mariage entre triple malt et vieille prune offre une palette aromatique rare dans le monde des spiritueux. Le fruit domine sans excès, sublimé par une structure souple et une élégance qui rappellent l’empreinte des eaux-de-vie de fruits du Sud-Ouest. Une belle façon d’illustrer le savoir-faire français, à la croisée des traditions du whisky et de la distillation artisanale locale.

Fontagard STEM 9920-2

Distillerie : Fontagard (Charente)
Particularité : Single malt français issu d’orge locale, distillé en alambic charentais, puis élevé en fûts ayant contenu de très vieux Cognacs et de grands vins de Saint-Émilion.

Notes de dégustation :
Nez : fruits rouges mûrs, raisins confits, touches boisées subtiles et un soupçon de fumet délicat.
Bouche : équilibre précis entre le malt torréfié, les épices douces et une fraîcheur végétale discrète, le tout porté par la rondeur des fûts de Cognac.
Finale : persistante, élégante, oscillant entre fruits compotés et tanins boisés raffinés.

Pourquoi le choisir ?
Le whisky Fontagard STEM illustre la finesse d’un single malt façonné en Charente, région reconnue pour ses eaux-de-vie d’exception. Vieilli dans des fûts prestigieux issus de Cognac et de Saint-Émilion, il dévoile un caractère singulier, à la croisée des influences viticoles et céréalières. Son profil aromatique dense, sans filtration à froid, lui confère une texture riche et authentique, qui séduira les amateurs de whiskies au tempérament affirmé, sans sacrifier l’élégance propre aux grandes signatures françaises.

Beauchamp Triple Grain

Distillerie : Beauchamp (Charente)
Particularité : Assemblage original de trois céréales — orge, seigle et maïs — qui façonne un whisky d’une grande richesse aromatique.

Notes de dégustation :
Œil : robe ambrée profonde, nuancée de reflets acajou.
Nez : pain de seigle, biscuit croquant, notes chaleureuses aux accents légèrement toastés.
Bouche : texture veloutée, alliance subtile de miel, de toffee et de céréales dorées.
Finale : persistante, structurée, portée par des épices douces et une pointe poivrée qui signe son caractère.

Pourquoi le choisir ?
Le Beauchamp Triple Grain offre une lecture singulière du whisky français, loin des schémas classiques. L’assemblage de seigle, de maïs et d’orge maltée lui confère une profondeur gourmande, oscillant entre rondeur et tension aromatique. La douceur sucrée du maïs s’équilibre parfaitement avec la vivacité épicée du seigle, tandis que le malt d’orge apporte structure et longueur. Un whisky qui séduira les amateurs curieux de diversité céréalière, tout en restant accessible aux palais avertis en quête d’originalité.

Khëmeia Whisky

Distillerie : D’Aumagne (Charente-Maritime)
Particularité : Single malt français façonné dans le respect des traditions charentaises, distillé en alambic cuivre, vieilli en fûts de Bourbon sous climat océanique.

Notes de dégustation :
Œil : robe ambrée, éclats cuivrés.
Nez : fruité généreux, entre pomme mûre et prune confite, relevé par des notes fraîches de gingembre.
Bouche : ample et gourmande, où les fruits compotés croisent une légère touche cacaotée.
Finale : plus vive, marquée par des accents d’agrumes et une trame épicée persistante.

Pourquoi le choisir ?
Sous son nom inspiré de l’alchimie, Khëmeia reflète un savoir-faire rigoureux et une vraie attention portée à chaque étape de son élaboration, depuis l’orge charentaise jusqu’à l’élevage sous influence maritime. Ce single malt assume une personnalité équilibrée entre rondeur fruitée et fraîcheur épicée, loin des clichés. Sa structure soyeuse, combinée à une signature aromatique accessible mais expressive, en fait une belle alternative aux classiques écossais. Une preuve supplémentaire que la Charente-Maritime s’affirme comme un terroir d’avenir pour le whisky français.

Arlett Mizunara Finition Fût de Mizunara

Distillerie : Tessendier (Cognac)
Particularité : Single malt français bénéficiant d’une finition rare en fûts de chêne japonais Mizunara, après un élevage en fûts de bourbon et de chêne américain.

Notes de dégustation :
Œil : robe vieil or, aux reflets éclatants.
Nez : bouquet raffiné mêlant poivre noir, cardamome et une subtile note boisée.
Bouche : texture souple, élégamment structurée ; les arômes d’épices nobles et de bois exotique s’expriment avec finesse, prolongés par une belle persistance aromatique.
Finale : précise, épicée, marquée par la signature délicate du Mizunara.

Pourquoi le choisir ?
Arlett Mizunara illustre à merveille le croisement entre le savoir-faire français et l’influence subtile du chêne japonais. La maturation en fûts de bourbon, suivie d’un affinage sous Mizunara, offre une lecture originale, à la fois boisée, épicée et délicatement exotique. Un whisky qui bouscule les attentes, tout en restant fidèle à la tradition artisanale charentaise. Un bel exemple d’équilibre entre caractère et élégance.

Conclusion

Longtemps resté discret, le whisky français s’est affranchi des clichés pour devenir une signature à part entière. Derrière ces flacons, on retrouve des distilleries qui cultivent un savoir-faire exigeant, souvent hérité d’autres grandes traditions de spiritueux comme le cognac ou l’armagnac. Entre respect des origines et goût de l’innovation, ces maisons françaises composent une nouvelle scène aussi éclectique qu’attachée à son terroir. Une sélection qui prouve que la France n’a pas fini de surprendre les amateurs de malt.

Pour aller plus loin :

• Où trouver ces whiskys : sur les sites des producteurs, chez votre meilleur caviste, sites spécialisés whisky, Amazon
• Voir nos articles sur les whiskys Bellevoye
• Voir nos articles sur les whiskys français

FAQ — Whisky français

Le whisky français est-il vraiment comparable aux whiskys écossais ou japonais ?
Oui, le whisky français rivalise aujourd’hui avec les grandes références internationales grâce à une qualité d’assemblage, une sélection de fûts exigeante et l’influence de terroirs uniques, souvent issus de régions viticoles.

Pourquoi le whisky français est-il encore peu connu ?
La production de whisky en France est plus récente que celle de ses voisins écossais ou irlandais, mais elle connaît une croissance rapide, soutenue par l’expérience des distillateurs français dans d’autres eaux-de-vie comme le cognac ou l’armagnac.

Qu’est-ce qui distingue un whisky français d’un whisky écossais ?
Le choix des fûts, souvent marqués par l’héritage viticole (cognac, prune, vin), la diversité des céréales, et le climat de maturation confèrent au whisky français une personnalité singulière, moins codifiée que ses homologues écossais.

L’abus d’alcool est dangereux pour la sante. À consommer avec modération. Pour réduire les risques, il est recommandé de limiter sa consommation à deux verres par jour maximum par jour et pas tous les jours.